Le 3 décembre dernier, un électeur sur quatre s'est rendu aux urnes pour aller voter. En 1979, deux sur trois avaient voté. Conséquence : des résultats décevants pour l'ensemble des organisations syndicales qui, toutes, perdent de l'audience (à l'exception de SUD), même si la CGT progresse en valeur relative. Ce nouvel affaissement de l'audience du syndicalisme français est préoccupant.
Elections prud’homales 2008 (métropole)
(1) Nombre de voix 2008 - nombre de voix 2002 : cela permet de voir comment évolue le « capital » des voix ou « audience ».
(2) Nombre de voix / Nombre des inscrits x 100 : cela permet de mesurer véritablement les implantations des organisations syndicales dans le corps électoral, en intégrant le phénomène de l’abstention ; par exemple, en 2008, la CGT a donc obtenu la voix de 8,4 inscrits sur 100.
(3) Indice d’évolution électorale : % des inscrits 2008 / % des inscrits 2002 : cet indice permet de mesurer précisément les évolutions par organisation et de classer ces organisations en fonction de l’indice obtenu. Un indice 100 signifie que l’audience de l’organisation est stable d’une consultation à l’autre. Si l’indice est supérieur à 100, cela signifie que l’audience de l’organisation est en progression ; si l’indice est inférieur à 100, cela signifie que cette audience recule.
Au vu des résultats de 2008 et des indices calculés ci-dessus, il apparaît qu’une seule organisation progresse de 2002 à 2008 : SUD (indice 201). Ce qui signifie que cette organisation a doublé son audience, ce qui s’explique mécaniquement par une multiplication de ses listes de candidats, alors qu’en 2002 SUD n’avait présenté des listes que dans une minorité des conseils de prud’hommes.
Vient ensuite l’UNSA (indice 99) qui est pratiquement stable.
Puis la CGC (indice 93). La CGC est donc la gagnante des grandes confédérations classiques (et non pas la CGT). En outre, elle reprend à la CFDT le leadership dans la section encadrement.
Puis la CGT (indice 83). Un indice de ce type signifie que la CGT a vu son audience fondre de 17 points (100-83) par rapport à 2002. On ne peut absolument pas parler de « renforcement ». Ce « renforcement » est en fait purement relatif (et fonction des seuls pourcentages des suffrages exprimés, peu significatifs, compte tenu de la hauteur de l’abstention). Il s’explique parce que la CGT a reculé un peu moins que les trois organisations suivantes. Autrement dit, toutes les organisations classiques ont reculé, mais la CGC et la CGT un peu moins que les autres.
Les trois organisations qui ont le plus mauvais indice sont la CFTC (71), FO (69) et la CFDT (68) qui est donc la grande perdante de ce scrutin. Mais on voit que ces trois dernières organisations ont des évolutions très proches.
Au total, parmi les grandes confédérations, c’est donc la CGC qui est la « gagnante » de ce scrutin. Certes, la CGT maintient son leadership mais son audience s’érode, moins que celle des autres organisations (d’où cette fausse impression de renforcement de la CGT).
SUD et l’UNSA tirent également leur épingle du jeu, mais cela ne traduit pas nécessairement un renforcement. C’est la conséquence - surtout pour SUD - d’une multiplication des listes de candidatures. Donc, on ne peut pas non plus parler de renforcement du syndicalisme « contestataire ». Il reste que si la CGT résiste un peu mieux que les autres et si SUD a réussi à multiplier ses listes de candidatures, elles le doivent évidemment à leur réseau militant qui reste plus structuré, dynamique, vivant que ceux des autres organisations.
Les audiences syndicales en % des inscrits L’examen de l’évolution des audiences syndicales en pourcentage des inscrits permet de tenir compte du phénomène de l’abstention, massif à ce scrutin, et donne l’exacte évolution des implantations des centrales syndicales dans l’électorat.
Au siège du ministère du travail, la nuit des élections le 3 décembre 2008 au soir. Les résultats s’affichent sur les écrans, sous les portraits des anciens ministres du travail, près de la salle des « accords de Grenelle ».
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