Les raboteurs de parquet de Gustave Caillebotte

par Bernard Vivier

Une exposition au musée d'Orsay à Paris valorise l'œuvre de Gustave Caillebotte (jusqu'au 19 janvier 2025 puis au Paul Getty Museum de Los Angeles du 25 février au 25 mai 2025, puis à l'Art Institution de Chicago du 25 juin au 05 octobre 2025).

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Son tableau Les raboteurs de parquet, peint en 1875 (Caillebotte a 27 ans) est considéré aujourd'hui comme une œuvre marquante de l'époque impressionniste.

Ce fut le cas lors de sa présentation au Salon officiel de 1875, qui refusa de l'exposer. Les critiques furent sévères. Emile Zola écrivit alors : « C'est une peinture antiartistique, une peinture proprette comme du verre, une peinture bourgeoise, en raison de la précision de la copie »

(Le Messager de l'Europe, juin 1876).

L'époque ne s'intéressait guère aux peintures exprimant le monde du travail, qu'il soit paysan, artisanal ou industriel.

Représenter des raboteurs (ou frotteurs) de parquet était considéré par un nombre important de critiques (pas tous, cependant) comme une démarche ordinaire et même révélatrice d'une « bien grande flétrissure sociale » (Jean-Léon Gérôme, Journal des artistes, 8 avril 1894)

La description réaliste des raboteurs de parquet invite à observer nous-même la tâche exigeante de ces ouvriers, la dureté du métier, le souci du travail bien fait.

Comme Les Glaneuses de Millet pour les travailleurs des champs, comme Les casseurs de pierre de Courbet pour les ouvriers des campagnes, ou encore Les repasseuses de Degas pour les femmes de ville, Les raboteurs de parquet nous font mesurer la dimension artistique et émotionnelle du travail ouvrier.

Le livre que Dominique Auzel vient de consacrer aux Raboteurs de parquet, en mêlant enquête et récit romanesque, est joliment intitulé « Ouvriers, artisans du beau selon Caillebotte » (Ateliers Henry Dougier éditeur, 120 pages, 2024, 13,90€).

Pierre-Joseph Proudhon le disait déjà en 1875 : « L'art ne s'est occupé jusqu'à présent que des dieux, des héros et des saints : il est temps qu'il s'occupe des simples mortels » (Du principe de l'art et de sa destination sociale).

On lira dans les Etudes sociales et syndicales du 15 novembre 2021 une présentation complémentaire du tableau Les raboteurs de parquet.

Le travail, le mot et l'image (2)