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Les slogans de mai 1968

Le bouillonnement intellectuel de mai 1968, la révolte contre la société et l'autorité du moment, la soif de nouveaux rapports sociaux se sont exprimés tout au long des événements du printemps par une production sans précédent de slogans révolutionnaires. Dans les tracts et sur les murs des facultés, des usines et des magasins, slogans et graffitis se sont multipliés.


Tout autant que les barricades, les cocktails Molotov et les occupations d’usine, ces slogans donnent tout leur sens aux événements de mai 1968. Quarante ans plus tard, ils nous rappellent combien, dans la violence et l’utopie, les révoltés de mai 1968 voulaient « changer la vie, changer la société ». Sur des questions importantes (l’autorité paternelle, la famille, l’école, l’évolution des mœurs), les réponses se cherchent en slogans.

Mars 1968

A Nanterre, les groupuscules trotskistes, maoïstes, anarchistes lancent provocation sur provocation, espérant enclencher le processus provocation - répression - révolution.


Avec l’occupation de la salle du conseil universitaire au huitième étage de la tour administrative de Nanterre, est lancé le Mouvement du 22 mars dont Daniel Cohn-Bendit devient le leader. Les premiers slogans fleurissent : OBTENIR TOUT, TOUT DE SUITE FAITES L’AMOUR ET RECOMMENCEZ



Avril 1968

La tension monte dans l’Université, lorsque le gouvernement annonce des critères de sélection et d’orientation pour l’entrée dans l’enseignement supérieur. DansL’Humanité Nouvelle (PCML) du 25 avril, on lit : PARTOUT OÙ LA RÉVOLUTION A TRIOMPHÉ, IL Y A EU VIOLENCE

Mai 1968

Le 2 mai à Nanterre, le doyen Grappin ne contrôle plus la situation, face aux provocations organisées par Cohn-Bendit. Le cours d’histoire de René Rémond est chahuté. ON NE REVENDIQUERA RIEN ON NE DEMANDERA RIEN ON PRENDRA. ON OCCUPERA

Le 3 mai, l’agitation s’étend à la Sorbonne, la police intervient. LIBÉREZ NOS CAMARADES CRS - SS ! LA BARRICADE FERME LA RUE MAIS OUVRE LA VOIE



De nouveaux slogans apparaissent, où la soif d’une société nouvelle se conjugue avec la rage de se battre. SOUS LES PAVÉS, LA PLAGE SLOGANS RÉALISTES, DEMANDONS L’IMPOSSIBLE JOUIR SANS ENTRAVES A BAS LES PÈRES DÉBOUTONNEZ VOTRE CERVEAU AUSSI SOUVENT QUE VOTRE BRAGUETTE


Les violences se multiplient, les interventions policières aussi ; les syndicats, jusque là sur la réserve, envisagent une grève générale pour le 13 mai. Les slogans étudiants affirment :

NOUS SOMMES UN GROUPUSCULE : NOUS SOMMES TOUS DES JUIFS ALLEMANDS L’ACTION NE DOIT PAS ÊTRE UNE RÉACTION MAIS UNE CRÉATION TOUT POUVOIR ABUSE. LE POUVOIR ABSOLU ABUSE ABSOLUMENT LA POÉSIE EST DANS LA RUE VIVRE LA DÉMOCRATIE DIRECTE PRENEZ VOS DÉSIRS POUR LA RÉALITÉ IL EST INTERDIT D’INTERROMPRE (D’INTERDIRE)


La manifestation du 13 mai indique la jonction entre les manifestants dans les universités et les syndicats CGT-CFDT-FO-FEN. L’Odéon est occupé, les Beaux-Arts aussi.

J’AI QUELQUE CHOSE A DIRE MAIS JE NE SAIS PAS QUOI L’IMAGINATION PREND LE POUVOIR LES MOTIONS TUENT L’ÉMOTION


Les grèves sauvages (14-17 mai) annoncent la grève généralisée et les occupations d’entreprise.

Le 19 mai, le général de Gaulle intervient à la télévision. On retient sa formule : « la réforme oui, la chienlit non ».



Syndicats et étudiants réagissent, même si la confiance n’est pas établie entre eux. Georges Séguy, secrétaire général de la CGT, lâche : « Cohn-Bendit, qui est-ce ? ». On lit : ÊTRE RÉACTIONNAIRE, C’EST JUSTIFIER ET ACCEPTER LA REFORME SANS Y FAIRE FLEURIR LA SUBVERSION COURS CAMARADE, LE VIEUX MONDE EST DERRIÈRE TOI EXAGÉRER, VOILA L’ARME


Après l’intervention du général de Gaulle, le 24 mai, les violences atteignent de nouveaux sommets : SI VOUS VOYEZ UN CRS À TERRE, ACHEVEZ-LE


Les négociations dites « de Grenelle », au siège du ministère des affaires sociales, s’ouvrent le 25 mai. Le 27 mai à 7h15, un relevé des points d’accord est dressé.



Le 30 mai, le président de la République, annonce qu’il dissout l’Assemblée nationale, organise des élections législatives et montre avec fermeté qu’il entend « empêcher la subversion à tout moment et en tout lieu ». Aussitôt, un million de manifestants viennent sur les Champs-Élysées lui apporter leur soutien. MITTERRAND, C’EST RATÉ VIDANGEZ LA SORBONNE

Juin 1968

Le 1er juin, les manifestants étudiants tentent de réagir CE N’EST QU’UN DÉBUT, CONTINUONS LE COMBAT

Le 10 juin, la mort tragique d’un lycéen relance les barricades.

Le premier tour des élections législatives, le 23 juin, marque une forte poussée gaulliste que le second tour, le 30 juin confirme avec éclat.

Les « événements de mai 1968 » sont achevés ; « l’esprit de mai » se construit et, avec lui, la légende.




Opposés aux forces du Parti communiste français sous contrôle soviétique et de sa courroie de transmission en milieu ouvrier la CGT, de nombreux groupes trotskystes et maoïstes se sont exprimés pendant les événements de mai 1968. Contestant à la fois la « société capitaliste bourgeoise » et l’ordre stalinien du PCF, ces groupes ont poursuivi leurs activités dans les années 1970, commettant des actes de violence jusque dans les entreprises.


Si, quarante ans après, les mouvements trotskystes demeurent très actifs (Ligue communiste révolutionnaire, Lutte ouvrière, Parti des travailleurs), les mouvements maoïstes ont disparu. Au début des années 1970, ils diffusaient dans les milieux étudiants et ouvriers des brochures imprimées en Chine, notamment les célèbres « Citations du Président Mao Tsetoung ».


On y lit : « Chaque communiste doit s’assimiler cette vérité que le pouvoir est au bout du fusil » ou encore : « La révolution n’est pas un dîner de gala ; elle ne se fait pas comme une œuvre littéraire, un dessin ou une broderie (...). La révolution, c’est un soulèvement, un acte de violence par lequel une classe en renverse une autre ».

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